2020. Perfect vision of an imperfect world. In the run-up to summer, as the economy threatens to go under, Amazon’s stationery supply is plundered, while our waistlines get rounder and our children continue to flounder, May heralds a month of public holidays. Who would know? The days merge into one, as do the children, shape-shifting their way through sombre hallways in a frightened state of consciousness. The lobotomised state of listless living has given way to paranoia. Thoughtcrime is used to anticipate one another’s moves in a vicious circle of one-upkidship while the Man in the High Castle remains elusive for days, a faithful sentinel at his ergonomically approved standing workstation.
Mayday, Mayday! May 1st. Today we celebrate the right of workers to stay at home. Next up, VE Day. Big up to the forces of globalisation for lending a new meaning to the phrase “going viral”. 75 years ago, thousands took to the streets to celebrate the end of the mask-wearing occupation. Last but not least, the Ascension. Truly an occasion to rise to.
Tiptoeing ninja style around the national ban on face-covering in public spaces, we stealthily usher in a new law which requires that all persons irrespective of religious affiliation wear a mask and adopt other outward displays of PPE.
A s(p)ec(tac)ular reversal of legistration.
Legistration (noun): corpus of laws designed to inhibit personal freedom.
Respirators and masks constitute the cornerstone of hope, helping us all to breathe more easily as we place our trust in the TM-certified efficacy inherent in the slogan “Made in China”. Pop-up sweatshops seamlessly churn out new mask patterns as 3D printers upload us into the fourth dimension of medical advances.
Imitating past generations, we gather round our wireless to hear the President speak. The lockdown is easing. Children will gradually return to school and staff to work, in compliance with the newly established rules of social distancing, the infectious term hot on everybody’s lips. We stare at each other in disbelief but the Elysée calls the shots and we can either dance to its tune, Gangnam style, or retreat into a State of volvation, pangolin style.
What has changed? Everything and yet nothing. The Virus has swept over us leaving us to sink, swim or simply tread water in its wake. Many were lost but those left have somehow formed a human lifeline to pull others through. No vaccine has been found. The knock-on effect of our resulting actions such as ramping up drug use may eliminate an immediate health threat, while concomitantly threatening to create a superbreed of drug-resistant bugs and/or viruses.
Will that be the final chapter in the history of the human race? A random end of our own making?
The call of freedom revives my base instinct. I look on as people gather in their gardens, shedding tears of gratitude, throwing open gates and falling into embraces which speak volumes about the tacit bond.
This is it.
I venture outside, succumbing to temptation. The sun splits through my line of vision. Joy gives way to excitement, excitement to frenzy. Cracked iridescent faces smirk amid the clamour, pitching forward, writhing. Bodies merge and dismember in a perverse posturing as the sudden stench of oozing pulpy flesh fills my nostrils.
I tear back inside, fumbling, scrambling for keys. They scatter across the floor. My trembling fingers fail to function.
I can do this. I can do this!
Tears of futility drain from my scorched sockets.
Please!
My hand suddenly identifies and clamps around the right key. I press it into the lock and turn it until it jars. I slide down the wall and slump to the floor, crumbling under the crushing responsibility of the imperative to protect my own.
The gates of freedom have been prised open for a glimpse of the three muses of liberty who beguile us with their captivating eyes and their promise of inner sanctuary but what is the price we must pay?
Let’s call it a wrap. The Wuhan Clan.
Samedi 30 mai – Les dernières heures
2020. Vision parfaite d’un monde en miettes. A l’approche de l’été, l’économie est sous perfusion au service réanimation, le rayon papeterie d’Amazon a été pillé, nos poignées d’amour se sont transformées en poignée anti-amour et nos enfants se sont irrémédiablement enlisés dans la médiocrité. Le mois de mai frappe à nos portes, les bras chargés de jours fériés. Mais qui aurait vu la différence ? Les jours se suivent et se ressemblent, à l’image des enfants, métamorphosés en ombres sans forme arpentant des couloirs sombres en état d’angoisse accru. L’état lobotomisé de l’existence apathique s’est transformé en paranoïa. Nous succombons au Crime de la pensée pour anticiper nos mouvements respectifs dans un cercle vicieux de paraphrénie dystopique. Le Maître du Haut Château, lui, reste insaisissable des jours durant, fidèle sentinelle debout derrière son poste de travail ergonomique estampillé NF EN 1335.
1er mai. Mayday, Mayday ! Aujourd’hui nous fêtons le droit des travailleurs à rester chez eux. Suivi du Jour de la Victoire en Europe. Bravo aux forces de la mondialisation qui ont su donner tout son sens au terme « phénomène viral ». Il y a 75 ans, des milliers de citoyens se rassemblaient dans la rue pour marquer la fin de l’occupation et célébrer la remise au placard de leurs masques… à gaz. Last but not least, l’Ascension. Une vraie révélation.
Bravant furtivement l’interdiction de se couvrir le visage dans l’espace public, ninja style, nous accueillons une nouvelle loi instaurant le port obligatoire du masque et l’adoption d’autres signes ostentatoires de PPE indépendamment de toute affiliation religieuse.
Un revirement anti-graal de légistration.
Légistration (nom.f.) : ensemble de lois qui visent la restriction de libertés individuelles.
Appareils respiratoires et masques chirurgicaux constituent le nouveau fondement de nos espoirs, nous permettant d’avaler plus facilement, sans nous étouffer, l’efficacité certifiée par la marque déposée « Made in China ». Des ateliers clandestins patronisent sans anicroches de nouveaux patrons, tandis que les imprimantes 3D nous téléchargent dans la 4e dimension des avancées médicales.
A l’instar des générations d’antan agenouillées autour de la radio, nous enfilons nos casques sans fil pour écouter les allocutions du Président. Chroniques d’un déconfinement annoncé. Les enfants retourneront à l’école et les employés sur leur lieu de travail dans le plus strict respect des gestes barrières, terme contagieux sur toutes les lèvres masquées. Nous nous contemplons abasourdis mais l’Élysée propose et le peuple dispose. A nous de choisir : danser au rythme des annonces, Gangnam style, ou nous replier sur nous-mêmes dans un Etat de volvation, pangolin style.
Qu’est ce qui a changé ? Tout et pourtant, rien. Le Virus a balayé le monde, nous entrainant dans son sillage avec pour seules options de nager, couler ou simplement nous maintenir à flot. Nombreuses furent les victimes mais les survivants ont su former une bouée de sauvetage vivante pour secourir leurs prochains. Aucun vaccin à l’horizon. Notre réponse ? Nous bourrer de médicaments pour faire face à la menace sanitaire immédiate, pour le plus grand bonheur des virus et des moustiques, impatients de muter en super héros dotés de super pouvoirs de résistance aux produits chimiques.
Le dernier chapitre de l’histoire de l’Homme se résumera-t-il à ces quelques mots : The End ? Écrits de notre propre main.
L’appel de la liberté réveille en moi mon instinct le plus profond. J’observe les voisins se réunir dans leurs jardins, des larmes de reconnaissance coulant librement sur leurs joues démasquées, les portails grands ouverts, tout comme leurs bras, qui s’agitent dans des étreintes qui en disent long sur leur lien tacite.
Le moment est venu.
Je succombe à la tentation et je sors de la maison. Les rayons de soleil me perforent le crâne, me brûlent les yeux. Décollement de rétine. Tout devient flou. La joie se transforme en excitation, l’excitation en frénésie. Tels des cicatrices, des sourires narquois balafrent les visages délabrés, qui se décomposent au rythme de la clameur et des saccades de corps se tordant dans d’atroces convulsions. Les carcasses fusionnent et se démembrent dans une dance macabre. L’odeur nauséabonde de chair suintante emplit mes narines comme une folle ivresse.
Je bats en retraite et me rue frénétiquement vers l’intérieur, mes mains tremblantes à la recherche des clés salvatrices. Mes doigts tétanisés par la panique ne répondent plus. Les clés tombent par terre, sonnant le glas de ma retraite.
Concentre-toi, tu peux le faire !
Des larmes de désespoir se déversent de mes orbites noircies.
Pitié !
Je retrouve enfin la bonne clé. Mes doigts s’y agrippent, telles des serres. Je l’enfonce dans la serrure. Chevillette tirée, bobinette cherrée. Accablée par la responsabilité écrasante de protéger ma progéniture, je glisse le long du mur avant de m’effondrer par terre.
Les portes de la liberté se sont entre-ouvertes, laissant entrevoir les trois muses de la liberté et leurs regards hypnotiques. La danse de la séduction commence. Ksssssss… faites-nous confiaaaaance…
Je me sens irrésistiblement attirée.
“des Moustiques qui vont muter pour se transformer en super héro” énorme !
bien proche de la réalité que l’on veut nous proposer.
” Aujourd’hui nous fêtons le droit des travailleurs à rester chez eux.” et oui triste réalité.
continue ,ton humour corrosif est un plaisir.
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