Wed. 18th March – Day 3

How long has it been already?! What year is it? Eternity clasps us in her steely embrace. How will we survive? Is this how we go? Playing Uno until the end of days? What are the real rules anyway? Why do the children always win? I curse their tiny dexterous hands. Further pressing questions. Why are we eating like kings? Who is this inner Martha Stewart channelled by the apocalypse? Is everyone feasting instead of fasting behind closed doors? I sigh as I contemplate the Moroccan lamb tagine, the selection of tray bakes and the rainbow cake I made before breakfast. It’s hard to practise self-control when the pantry is so well stocked. I feel guilty about the toilet roll though. That was a step too far. I see that now. My heart goes out to my elderly neighbour with the empty cupboards.

A terrifying roar from the depths of nowhere. The wine glass I was drying spins out of my hand, falls and smashes into a thousand pieces. Or thereabouts. Cheers to the almighty cataclysm raining down upon us! I freeze and tighten my grasp around the weapon at hand as the contents merge with the brighter red of my blood. I wait. Ready. Demonic.

My twin daughters, 7, crash into the room, hysterical, a scene straight from a horror movie. They have dressed up as the sisters from the Shining again. Just to freak me out. At what point did parenting turn into a game of mental warfare? It’s been blown out of all proportion. Revenge shall be mine. They throw themselves upon me and double over laughing. False alarm. My son, 5, aka ‘Unexpected Surprise’, appears in his dinosaur suit and all becomes clear. I screech that they won’t be laughing as they wheeze for their last breath on Judgement Day. Too far ? 

I clean the wound and place the broken glass in the pile. The empty bottles are mounting up exponentially the farther we venture down the lonely tunnel of lockdown.

Wash hands. It will absolve us. 

Nightfall is reassuringly uneventful. We talk in hushed voices in the bathroom, out of earshot of the children. Tomorrow he will be ‘working remotely’. I comment that l doubt he’ll be remotely working but it’s lost on him. How can he not find that funny?  I can sense him gradually colonising space with his incessant need for a caffeine fix and his persistent good humour. Colonising MY space. Unflinchingly, I mark a solitary line on the misted mirror. Revenge shall be mine. I wash my hands trance-like. My eyes stare back into the contorted face before me as the President’s words submerge me. I clench my fists and hear my voice spit out the mantra, “we are at war”.

Mercredi 18 mars – 3e Jour

Ça fait combien de temps déjà ?! On est en quelle année ? L’éternité nous serre dans une étreinte sans trêve. Comment survivre, comment vivre ? Est-on condamné à jouer au Uno jusqu’a la nuit du temps ? Et si oui, quelles sont les vraies règles de ce jeu ? Pourquoi les enfants gagnent-ils toujours ? Je maudis leurs petites mains habiles. D’autres questions me pèsent. Pourquoi on mange mieux que jamais ? C’est qui cette Martha Stewart en moi révélée par l’apocalypse ? Est-ce que tout le monde se régale derrière les portes fermées au lieu de se priver ? Je soupire en contemplant le tajine d’agneau, les biscuits et le gâteau arc-en-ciel que j’ai préparé à l’aube. Dur de se limiter quand les réserves n’ont jamais été si abondantes. Je m’en veux pour le PQ, par contre. Je vois maintenant que c’était quand même exagéré. Une pensée pour la vieille voisine aux placards vides. 

Un rugissement terrifiant surgit des profondeurs de nulle part. Le verre à vin que j’étais en train d’essuyer virevolte, tombe, se brise en milles morceaux. Ou à peu près. Tchin au cataclysm imminent ! Figée, je serre l’arme à la main et le contenu conflue au rouge plus vif de mon sang. J’attends. Prête. Démoniaque. 

Mes filles, 7 ans, jumelles, arrivent en courant, hystériques, une scène digne d’un film d’horreur. Surtout qu’elles sont encore habillées comme les sœurs du Shining. Rien que pour me faire flipper. À quel moment procréer est devenu une guerre mentale ? Les enjeux sont devenus monstrueux. La revanche viendra. Elles se jettent sur moi dans un éclat de rire. Fausse alerte. Le bruit révèle sa source. Mon fils, 5 ans, ´surprise inattendue’ nous l’appelons, déguisé en dinosaure. Je leur rappelle qu’ils ne seront pas aussi gais en poussant le dernier soupir le jour du Jugement Dernier. Ça les calme tout de suite.

Je nettoie la plaie ouverte et range le verre cassé parmi tant d’autres. Les bouteilles vides s’accumulent de manière exponentielle par rapport aux jours de confinement. 

Se laver les mains. Ca nous absout.

La nuit tombe. RAS. Nous discutons à voix basse dans la salle de bain, loin des enfants. Demain le ‘télétravail’ commence. J’explique que le concept du télétravail n’est pas de bosser devant l’écran. Il rigole à peine. Comment ça, ce n’est pas drôle ? Petit à petit, je sens qu’il va coloniser l’espace avec ses cafés incessants et sa bonne humeur matinale. MON espace. Déterminée, je trace une ligne droite dans la buée de la glace. La revanche viendra. Je me lave les mains machinalement. Mes yeux fixent le visage déformé qui me fait face et les paroles du Président me submergent. Les poings serrés, je m’entends recracher le mantra << nous sommes en guerre >>.

3 thoughts on “Wed. 18th March – Day 3”

  1. Je retrouve ton humour et ta “sensibilité” ! Je me régale à la lecture de tes textes et c’est une vraie bouffée d’air frais dans la période trouble que l’on traverse. Bisous.

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