Saturday 21st March – Day 6

Crushed, clambering for air, a slow and painful death. I peel open my swollen eyes and will myself to look around. 4 bodies outstretched beside me. Broken corpses fallen from a great height. Son, horizontal. He has never been able to sleep like a normal person. Daughters, stretched out on a rack, faces hidden by an explosion of hair. 5 bedrooms and we all end up in one bed. I just don’t get it. If it’s not the Virus that gets us, it’ll be a lack of personal space. A strange state where adjoining bodies graft in the night.

“A tsunami!”

Son wakes up talking. Every. Single. Day. The activation of his brain triggers a chain reaction whereby his mouth begins to narrate every second of his existence. No filter. The soundtrack of our lives. He falls asleep muttering incoherent ramblings essentially based on comparisons. “What’s heavier; all the people in the whole planet jumping at the same time, or a dinosaur?”. And by some impressive feat of mental gymnastics, he wakes up chasing the same runaway train of thought and answers his own questions. “What’s faster; a space rocket or a tsunami?”. I admit, I’m ill-equipped to deal with this line of questioning. I must have skipped that chapter in the parenting manual. 5 years old. Recommendation: a philosophy degree.

Day 6 of isolation and I’ve never felt less alone. 

Total utter truth, as he would say. 

A walk. I pack some essentials (toilet paper), and we fill out the required form. We now need a certificate to ensure that all none of those printer-less losers are found on the streets. Take that, eco warriors! It’s a declaration on honour. In other words, pointless. We’ve filled it out diligently for the last 3 days and no-one has so much as asked to see it.

I, the undersigned, hereby declare that I am an eejit. 

I list the rules of the outing. 

Wash hand before leaving. 

Don’t touch your face.

No, not your sister`s face either. 

Just stay away from faces. 

Stay together, get some air and if someone walks past, hold your breath! Why are you making that face? No, you can breathe just now but don’t breathe if someone goes past. No, you won’t die. Well, your teacher is right, we will all die one day. Look, there’s no need to cry, you can say ‘hello’, to people, but don’t get too close, that’s all. No, your sisters don’t have Virus. I just know. All you have to do is stay a metre away from the person you’re talking to. A metre is 100 centimetres. Yes, 99cm is also OK.

CAN WE JUST STOP SHOUTING RANDOM NUMBERS AND LEAVE, PLEASE?

Lightyears later, we leave the house, three children in tears, Mummy exhausted and Daddy fixated by something far, far away.

Cool morning air on my skin. Singing birds. Grinding teeth of the flesh-starved zombie horde gaining on us. We march forward as one, eyes down.  

“What’s more terrifying; seeing someone or seeing no-one at all?”.

A cough from a neighbouring garden, cover your mouths! The lead dangles limply from my fingers. Shit, we forgot Moka again. Venture on. The kids revel in their new-found freedom. They run, skip and whoop, clearly oblivious the unconscionable suffering around us.

Keep your voices down. Out of respect.

Also, zombies are sensitive to sound. 

Daughter stops abruptly in her tracks. One outstretched finger points to the forest. That looks like a man. 

What? Where? Panic. 

The outline of a person comes sharply into focus, someone kneeling…someone brought to their knees by the Virus.

RUN!

We run flat out and reach our gate breathless, shocked and shaking. Quick, lock the gate separating us from the outside world. 

Breathe. 

Freedom is a risk we cannot afford to take.  

Samedi 21 mars – 6e jour

Serrée, suffoquée, une mort lente et douloureuse. Mes yeux peinent à ouvrir. Je regarde autour de moi. 4 corps allongés à mes côtés, atterris sur le lit comme tombés d’une falaise. Mon fils, horizontal, n’a jamais appris à se reposer normalement. Mes filles en étoile de mer, leurs visages cachés par leurs cheveux en bataille. 5 chambres et on finit tous dans le même lit. Ça me dépasse. Si ce n’est pas le Virus qui met fin à nos jours, ça sera sûrement un excès de proximité. Un nouvel état ou les corps fusionnent la nuit.

« Un tsunami ! »

Mon fils se réveille en parlant. Tous. Les. Jours. L’allumage de son cerveau enclenche une réaction en chaîne par laquelle sa bouche se met à narrer chaque instant de son existence. Sans filtre. La bande son de notre vie. Il se couche en marmonnant ses pensées bizarres, essentiellement basées sur des comparaisons, genre « Qu’est ce qui est plus lourd ; tous les gens de toute la Terre qui sautent en même temps, ou un dinosaure ? ». Puis il se lève en opérant une gymnastique mentale impressionnante pour reprendre le même train fou de pensée et répondre à ses propres questions. « Qu’est ce qui va plus vite ; une navette spatiale ou un tsunami ? ». J’avoue que je suis mal équipée pour répondre à ce genre de questionnement. Je dois avoir loupé ce volet du mode d’emploi. Age 5 ans – compétence requise : diplôme de philo.

Jour 6 et je me sens moins seule que jamais. Vérité vraie, comme il dit. 

Une promenade. Je ramasse les vivres essentielles (PQ en l’occurrence), et nous nous équipons de notre attestation dûment remplie. Il nous faut maintenant un certificat pour assurer que tous ces cons d’écolo sans imprimante restent bien à la maison. Une attestation sur l’honneur. Autrement dit, qui ne sert à rien. On la remplit religieusement en bons citoyens depuis 3 jours déjà et personne ne nous a demandé de la produire. Je, la soussignée, certifie que je suis bien embêtée. 

Je rappelle les principes de la sortie.

Se laver les mains avant d’y aller.

Ne pas se toucher le visage.

Non, ne pas toucher le visage de ta sœur, non plus.

Évite les visages, tout court. 

Restez près les uns des autres. Prenez l’air, mais si quelqu’un passe, retenez votre souffle ! Pourquoi tu fais cette tête ? Non, là tu peux respirer, ce n’est que si quelqu’un passe que tu ne respires pas. Non, tu ne vas pas mourir. Enfin oui, ta maîtresse a raison, on va tous mourir un jour. Mais ne pleure pas enfin, tu peux dire ‘bonjour’ aux gens mais tu ne fais pas la bise. Non, tes sœurs n’ont pas le Virus. Je sais, point barre. Il faut juste rester à un mètre de la personne en face. Un mètre, c’est 100 centimètres. 99cm, ça passe aussi. 

PEUT-ON CESSER DE CITER DES CHIFFRES ET PARTIR, ENFIN !

Quelques années-lumière plus tard, nous quittons la maison, trois enfants en larmes, Maman exténuée et Papa qui regarde loin devant lui.  

L’air frais matinal qui me caresse le visage. Le chant des oiseaux. Le grincement des dents des zombies affamés qui s’approchent. Nous avançons comme un, nos yeux vissés au sol.

« Qu’est ce qui est plus terrifiant, voir du monde ou voir personne ? ». 

Ca tousse dans un jardin à coté, couvrez-vous la bouche ! La laisse qui pend de mes doigts. Merde, on a encore oublié Moka. Nous suivons notre chemin, intrépides. Les enfants s’éclatent, heureux d’être libre, libérés. Ça court, ça saute, ça crie. Ostensiblement inconscients de la souffrance inconcevable qui nous entoure. Chuchoter plutôt. Par respect.

Et car les zombies sont sensibles au bruit.

Ma fille clouée sur place, montre du doigt la forme qu’elle a repérée à l’orée de la forêt. On dirait un homme. 

Quoi ? Où ? Panique. 

Le contour flou d’un homme se dessine, un homme à genoux…un homme, mise à genoux par le Virus.

COUREZ !

Essoufflés, terrifiés, tremblants, on arrive chez nous. Fermons à clé le portail qui nous sépare du monde extérieur. 

Respire. 

La liberté constitue un risque que nous ne pouvons pas encourir.

6 thoughts on “Saturday 21st March – Day 6”

  1. Hey Cat, le Magazine CAME te laisse cette critique: Les Corona Dairies de CJ:
    ” Écriture mordante, cynique telle l’auteure. Transcendant un brin de folie exutoire, la plume de cette quarantenaire en quarantaine grince la connexion pupille/lobe frontal. On lit ses écrits comme on savoure l’époque : en plaisirs coupables. ”

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  2. Hey Cat, le Magazine CAME te laisse cette critique: Les Corona Diaries de CJ:
    ” Écriture mordante, cynique telle l’auteure. Transcendant un brin de folie exutoire, la plume de cette quarantenaire en quarantaine grince la connexion pupille/lobe frontal. On lit ses écrits comme on savoure l’époque : en plaisirs coupables. ”

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