I whittle away the hours scrolling through my laptop on the dining room table overlooking the patio doors. I daren’t call it the living room anymore for fear of tempting the ironic hand of fate. The internet extrapolates death league tables from the rocketing number of new cases each day. The virtual cloud has transformed into a nebulous reporter of worthwhile news, featuring a Hall of Fame for celebrities infected by the Virus; those for whom pricey life insurance merely serves to guarantee death in a more comfortable hospital.
Close at hand, a weighty crystal glass of golden amber. I raise my tumbler filled with one finger of whisky and toast F You to the world. The heady fumes of ethanol catch in my throat and leave me reeling. I am drawn to the inky darkness, blank like the last chapters of our lives. I savour these stolen moments of intimacy. While they sleep, I sleepwalk my way through solitary confinement. Actual sleep remains elusive despite overwhelming fatigue. Leaning forward, I seek introspection in the cell of my mind, dwelling on misgivings and missed opportunities, while keeping an eye turned towards the outside world. A forsaken nighthawk from a Hopper painting.
Last orders at the bar, ladies and gentlemen!
An oppressive sense of the here and now seizes me, though I can’t be sure what comes next. Anticipation courses through me. It infects and inhabits me, carried by the vector of raw fear.
Then I see it.
A flickering movement over the top of the gate. A sharp intake of breath. Silence. Stillness. Doubt. A fissure runs through the fragile shell of security I have vainly built around us. It ruptures open in an almighty realisation, leaving me paralyzed, powerless and exposed: they are coming for us. In their droves.
They pour in over the gate. A mindless mass of moaning. The fallen are carried along in the current, an offering. They press on through. Relentless.
Light. Clarity comes with carnage. We were doomed from the start. We could never withstand this.
I collapse as I take in the scene of devastation. My mournful eyes have seen enough, my mind, saturated with atrocities branded onto the recesses of memory.
I fall to my knees, arms flung wide, and offer my heart up to the sky, resigned to the terrible fate that awaits us all.
Another harrowing dream shackles me and drags me further into the darkness.
Mercredi 25 mars – Jour 10
Penchée sur mon ordinateur portable devant les baies vitrées qui donnent sur la terrasse, je vois à peine les heures passer. Je n’ose plus employer le terme “espace de vie” pour décrire le salon, de peur de tenter le diable en lui lançant une invitation ouverte. L’internet extrapole le nombre total de décès à partir des nouveaux cas qui, chaque jour, poursuivent leur progression vertigineuse. La nébuleuse virtuelle du Cloud fourmille d’infos qui se multiplient au rythme de l’ascension des âmes de célébrités qui rejoignent le nuage ; ceux pour qui une assurance médicale exorbitante garantira la mort dans un clinique nettement plus confortable.
A portée de main, plusieurs doigts d’un élixir ambré tournoie dans un verre à whisky en cristal. Le droit d’honneur que je lève gracieusement au monde entier. Les vapeurs d’éthanol brûlent les moindres recoins de ma bouche en descendant, m’enivrant. Mon regard est lentement attiré vers l’obscurité, ce ciel aussi sombre que l’encre qui servira à écrire les derniers chapitres de notre vie. Je savoure ces moments volés, intimes. Je profite de leur sommeil pour me replier dans mon esprit confiné, tel un somnambule luttant pour garder le contact avec le monde extérieur. Le sommeil reste fugace, malgré un état d’épuisement sans relâche.
Reposant sur les avant-bras, prisonnière de mes pensées, mon esprit vagabond déambule au rythme des regrets et des opportunités manquées. Un personnage dans un tableau de Hopper.
Dernières commandes au bar, messieurs dames !
L’instant présent m’asphyxie et sans présumer connaître la suite, je sens que tout se déroulera ici. Maintenant. L’anticipation me gagne, coule dans mes veines, nourrie à grand renfort de peur-panique.
Là !
Un mouvement filant mais flagrant au niveau du portail. Je retiens mon souffle. Silence. Calme. Doute. Une fissure apparaît dans la coquille que j’ai construite autour de ma famille, vain et fragile rempart contre les agressions extérieures. Une coquille qui vole en éclats, réduite en miettes par un constat implacable et paralysant : ils arrivent. En masse.
Le portail est aussitôt inondé par une marée gémissante et vivante ou, devrais-je dire, mort-vivante. Les corps écrasés sont portés en offrande par le courant des fortes houles.
L’acharnement absolu.
Lumière. Clarté au milieu du carnage. C’était perdu d’avance. Notre lutte, insignifiante.
Je m’écroule devant cette vision de chaos et de dévastation. Mes yeux endoloris en ont déjà trop vu, mon esprit est saturé par ces images atroces qui viennent s’inscrire à jamais dans le marbre de ma mémoire. Je tombe à genoux, les bras grands ouverts, mon cœur s’offre au ciel et je me prépare à accueillir la mort certaine qui nous attend tous.
Place à un énième rêve éveillé qui menace de m’inonder l’esprit et de m’attirer un peu plus vers le côté obscur.
le meilleur de tes textes a mes yeux ! puissant !
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Un moment de littérature noire et poétique ! C’est très bon et on attend la suite ! Merci Cat
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Merci de me lire !
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